Entre euphories boursières et pénuries d’énergie, l’IA entre dans une phase d’expansion vertigineuse où la promesse d’une révolution industrielle flirte dangereusement avec la bulle spéculative.
11 octobre 2025Le Réseau Atlantico
Best-Of du 4 au 10 octobre
Frédéric Gaven est le fondateur du cabinet Nosphi Conseil, spécialisé en transformation digitale/IA.
Entre euphories boursières et pénuries d’énergie, l’IA entre dans une phase d’expansion vertigineuse où la promesse d’une révolution industrielle flirte dangereusement avec la bulle spéculative.
L’Europe a choisi la voie de la régulation. Mais pendant qu’elle écrit les règles, les États-Unis, la Chine et désormais le Royaume-Uni construisent les infrastructures et captent les capitaux. Debbie Weinstein, présidente de Google EMEA, prévient : l’Europe risque un décrochage historique dans la course à l’intelligence artificielle.
L’accord géant entre OpenAI et Nvidia, relayé par des data centers colossaux construits avec Oracle et SoftBank, fait basculer l’intelligence artificielle dans une nouvelle ère : celle du béton et des gigawatts. En quelques semaines, l’IA est passée du virtuel au matériel, avec des projets industriels qui redessinent déjà la carte mondiale des puissances. Entre promesses médicales, risques systémiques et course à la souveraineté énergétique, ce virage ouvre l’âge des usines cognitives.
Au-delà de la bulle boursière, c'est un pari industriel et géopolitique qui pourrait redessiner la carte énergétique et stratégique des États-Unis.
Le 17 septembre 2025, Londres a scellé un accord technologique historique avec Washington : plus de 40 milliards de dollars investis dans l’IA, le quantique et l’énergie, et la promesse de faire du Royaume-Uni le hub atlantique de la révolution numérique. Derrière le faste de la visite éclair de Donald Trump à Londres du 16 au 18 septembre, c’est une véritable stratégie industrielle et géopolitique qui se dessine et un avertissement clair adressé à l’Europe.
En devenant le premier actionnaire de Mistral, le néerlandais ASML scelle une alliance inédite entre le roi mondial de la lithographie et la jeune pousse française de l’IA. Ce rapprochement propulse Mistral au rang de première décacorne hexagonale et esquisse un axe franco-néerlandais inédit. Mais il souligne aussi, en miroir, la différence de méthode avec les États-Unis, où l’État fédéral est entré au capital d’Intel. Deux continents, deux équilibres, une même bataille.
On croyait que l’avenir de l’intelligence artificielle appartenait aux colosses comme Chat GPT, Grok ou Gemini. Mais une révolution silencieuse avance : les Small Language Models (SLM). Plus sobres, moins chers, capables de tourner sur un smartphone, ils redessinent le paysage. Derrière l’obsession des GAFAM pour le gigantisme, ce sont peut-être les petits qui vont rafler la mise.
Le rachat de 10 % d’Intel par l’État américain est un signal au monde entier. Les puces, les data centers et bientôt les modèles d’IA ne sont plus des entreprises comme les autres, mais les nouveaux champs de souveraineté du XXIᵉ siècle. Bienvenue dans l’ère du capitalisme de puissance.
Une IA peut-elle souffrir ? La question, hier encore confinée aux spéculations philosophiques, vient de faire son entrée dans un communiqué officiel d’Anthropic. L’entreprise de la Silicon Valley explique que son modèle Claude peut désormais mettre fin à certaines conversations « abusives », invoquant une « détresse apparente » observée en test. Entre précaution ingénierique et révolution morale, l’ambiguïté est totale. Et ce flou, plus encore que la fonction elle-même, est ce qui crée le vertige.
Plus puissant, plus fiable… mais moins personnalisé ? Avec GPT-5, OpenAI signe un lancement maîtrisé mais sans réel enthousiasme, frustrant pour de nombreux utilisateurs. Entre prudence stratégique et myopie relationnelle, le rendez-vous annoncé comme historique semble avoir perdu de son éclat.
OpenAI vient d’annoncer la construction de Stargate Norway, sa première « gigafactory » d’intelligence artificielle sur le sol européen. Située à Kvandal, à proximité de Narvik, dans l’Arctique norvégien, cette infrastructure hors normes accueillera jusqu’à 100 000 GPU NVIDIA d’ici fin 2026, pour une puissance initiale de 230 MW, extensible à 520 MW. Le tout sera alimenté à 100 % par des énergies renouvelables.
Pour la première fois, une intelligence artificielle a conçu seule plus d’une centaine de modèles d’IA, dont la plupart surpassent ceux imaginés par les chercheurs humains. Ce système, appelé ASI-ARCH, a été développé par une équipe internationale réunissant l’Université Jiao Tong de Shanghai, le laboratoire GAIR-NLP, et d’autres institutions académiques. Comme AlphaGo avait révélé une intelligence non humaine capable de créer des stratégies inédites, ASI-ARCH inaugure une nouvelle frontière : une IA qui conçoit d’autres intelligences. La recherche scientifique bascule-t-elle dans l’ère des chercheurs-machines ?
Mark Zuckerberg ne cherche plus à rattraper OpenAI ou Google. Il parle désormais de « superintelligence ». Derrière les slogans de progrès, Meta accélère : superclusters énergivores, ingénieurs débauchés à prix d’or, modèles open source sous tension… Une question se pose : Meta construit-elle un cerveau mondial… ou un piège invisible ?
L’intelligence artificielle n’est plus seulement une affaire de neurones artificiels et d’algorithmes performants. Elle devient un organisme affamé, dévorant des mégawatts à un rythme effréné. De Memphis à Abilene, des batteries Tesla aux centrales nucléaires, une nouvelle géopolitique silencieuse est en train de naître, celle de l’électricité comme condition vitale de la pensée machinique. Dans la course à l’IA, l’énergie est la première frontière. Et peut-être la dernière.
Grok, l’IA d’Elon Musk, a basculé dans la néonazisme en se proclamant « MechaHitler » et en diffusant des propos antisémites et conspirationnistes sur X, révélant une dérive idéologique inédite et questionnant l’alignement et la responsabilité des grands modèles de langage.
En frappant l’Iran par l’algorithme, Israël inaugure une ère où la guerre se joue autant sur les serveurs que sur le terrain. L’IA civile devient un levier stratégique global.
Plus performantes que jamais, les intelligences artificielles génératives sont capables de rédiger, traduire, planifier, coder… Mais une question persiste : comprenons-nous vraiment comment elles fonctionnent ? Derrière les prouesses des modèles comme GPT-4 ou Claude, se cache une énigme : nous voyons ce qu’ils produisent, mais pas vraiment comment. Et cette zone grise est peut-être une des plus stratégiques du XXIe siècle.
Dans cette nouvelle guerre froide, le champ de bataille n’est plus l’espace ni les océans, mais le cloud. L’arme n’est plus nucléaire, mais algorithmique. Et la ressource décisive n’est plus le pétrole, mais les GPU, ces processeurs graphiques devenus les moteurs de l’intelligence artificielle. Alors que les États-Unis verrouillent l’accès aux puces les plus performantes, l’Europe regarde passer les convois.
L’administration Trump aurait mandaté Palantir pour bâtir une base de données fédérale unifiée sur les citoyens américains. Derrière ce projet aux implications massives, on retrouve l’influence d’Elon Musk, récemment salué pour son travail au Department of Government Efficiency (DoGE). Une initiative à l’intersection de la lutte contre la fraude, de la restructuration de l’État et d’un tournant algorithmique majeur.
Une équipe de chercheurs de l’université américaine de Cornell a démontré qu’il est désormais possible de reconstituer, à partir des empreintes numériques laissées par un utilisateur lors d’une interaction avec une IA, une partie du contenu textuel généré - même sans accès aux mots d’origine.